Shoot du shamisen kankara


Shoot du shamisen kankara




Tenjin

Le tenjin, assemblé au sao par une enture, est une pièce aux fonctions multiples. Il permet l'accord de l'instrument, une conduction des vibrations par le biais du koma, apporte le bourdon propre au shamisen (ici absent) et bien évidemment, sa bonne exécution profite au bon équilibre de l'instrument. La tête comme le parement du manche ont été plaqués de wenge, plus dur, afin d'assurer la pérennité de l'instrument. En effet, le frottement des cordes directement sur le pin entraînerait une usure prématurée du shamisen.

Hozo

L'hozo est particulier, je serais tenté de le comparer aux queues d'arondes d'un tiroir. Là où le particulier contemplera le travail du cuir ou le soin apporté à l'ensemble, le professionnel aura comme premier réflexe d'ouvrir un tiroir afin d'observer la finesse d'exécution des queues d'arondes. Car bien que l'intégralité de l'ouvrage soit délicate à réaliser, pour moi c'est l'exécution de cet assemblage qui requiert le plus de technique et de précision.

Shimo-zao

Comme toutes les parties de l'instrument, celle-ci est très importante. Tout d'abord le shimo-zao s'attelle à maintenir le manche dans la caisse de résonance sans le moindre jeu, le tout étant démontable.
Le shimo-zao permet de déterminer le renversement du manche (sao), nécessaire au bon fonctionnement de l'instrument. Cet assemblage assure en partie la bonne conduction du son au sein du shamisen. La caisse de résonance ici en métal apporte un timbre très sec et haut-médium.

Koma

Le koma est le chevalet du shamisen et rempli un double rôle. Il guide les cordes vers le manche et transmet une partie des fréquences émises par les cordes, à la caisse de résonance. Ici réalisé sobrement en os de boeuf, il est également réalisé en bois, en os et en bois ou encore en résines plastiques. Possédant d'ordinaire une forme complexe, le koma participe de par sa forme, son positionnement et son(ses) matériau(x), au rendement et au timbre de l'instrument.

Neo

Tout cordophone comporte deux cordiers, un fixe sur la caisse (neo) et un ajustable sur la tête (itogura), afin d'en parfaire l'accord. Le neo est particulier. Bien des cordiers sont fais de bois, de métal ou d'ivoire, parfois des trois en même temps. Le neo est quant à lui d'ordinaire fait en soie, d'une cordelette nouée de manière spécifique permettant d'accueillir les trois cordes. Disponible dans des boutiques spécialisées, le neo peut également, comme ci-dessus, être confectionné par l'utilisateur.

Tenjin

L'extrémité supérieur du manche ou tenjin, est extrêmement délicate à aborder et assimilable à celle d'un violon de par son cheviller. La forte courbure de la spatule nécessite l'utilisation d'un bloc de bois important ou bien d'un collage en deux parties comme c'est ici le cas. En somme, la mise en oeuvre de la tête fait appel à la sculpture, domaine qui n'est pour ainsi dire peu ou prou abordé dans la construction de guitares.

Modulable

Le shamisen peut être démonté en trois parties distinctes afin d'en faciliter le transport. Pour un luthier occidental, ce caractère est inédit et contraignant. Certains aérophones ont été dotés de multiples parties, tout d'abord pour en modifier l'accord, mais aucun n'est soumit à un tension annexe apportée par des cordes. De plus, cet assemblage démontable risque d'affecter le bon fonctionnement de l'instrument, et je n'ai pas encore abordé les contraintes liées au sustain.

Bois du prototype

Cet instrument est un hybride entre un shamisen et un sanshin kankara. La caisse de résonance à membranes étant négligeable pour cette expérience, j'ai équipé ce "shamisen" d'une caisse de résonance en métal afin d'en apprendre au passage un peu plus sur le kankara. L'usage du pin pour la structure fait écho à celle du gottan, shamisen fabriqué en pin. Léger et peu onéreux, le pin n'en est pas moins délicat à mettre en oeuvre. Là où la plupart des essences de bois possèdent une densité homogène, le pin alterne quant à lui entre couches dures (veinage marrons) et couches tendres (veinage claires). Ce type de structure engendre davantage de difficultés dans les ouvrages de précision.

Fabrication d'un shamisen "kankara"

Passionné par le Japon, je souhaite fabriquer un shamisen tout en respectant au mieux la construction traditionnelle. Je suis donc parti faire des recherches afin d'approfondir mes connaissances sur cet instrument. Après plusieurs musées, des dizaines de livres et des mois de recherches internet, je n'ai trouvé que de maigres informations sur le shamisen. J'ai du interpréter alors bon nombre de photos afin d'en tirer un plan convenable. J'ai préféré réaliser un prototype de shamisen afin de vérifier la cohérence de mes plans avant d'entreprendre sereinement la construction d'un shamisen traditionnel.